
La tendance du Letterpress

Dans l’univers du faire-part haut de gamme, de la papeterie sur-mesure et du papier de création, une technique ancienne séduit à nouveau : le letterpress. Ce procédé d’impression en relief, né au XVe siècle, revient en force grâce à son rendu tactile et élégant, prisé par les marques de luxe et les créateurs indépendants. Zoom sur les mécanismes, l’évolution de cette pratique et quelques exemples d’inspirations notables.
1. Fonction et mécanisme : le rôle central des plaques polymères
Le Letterpress, ou impression typographique à plat, repose sur un principe simple : une matrice en relief vient presser l’encre sur le papier. Historiquement, il s’agissait de caractères mobiles en plomb ou en bois. Aujourd’hui, le procédé a évolué grâce aux plaques polymères photogravées, plus flexibles et faciles à produire.
Pour en savoir plus sur les innovations en papeterie créatives, je vous invite à lire cet article sur le sujet.
Ces plaques sont fabriquées à partir d’un fichier vectoriel, puis durcies par exposition UV à travers un film. Le relief ainsi formé est monté sur un support rigide (souvent en aluminium ou magnétique) puis installé sur la presse. Cette technique permet un haut niveau de détail, avec un effet de gauffrage subtil ou plus marqué, selon la pression exercée. Elle est particulièrement adaptée à des papiers épais (jusqu’à 700 g/m²), comme le Cotton Lettra ou le Gmund, prisés pour leur absorption d’encre et leur texture noble.
2. Des ateliers pros aux créateurs indépendants : la démocratisation d’un savoir-faire
Longtemps réservé aux imprimeurs traditionnels ou aux maisons d’édition de luxe, le letterpress connaît depuis les années 2000 une vraie démocratisation. La généralisation des plaques polymères et la réédition de petites presses manuelles (comme l’Adana ou les Chandler & Price américaines) ont permis à des graphistes et artisans de s’approprier cette méthode.
En France, on observe une croissance continue des micro-ateliers de letterpress. Le site HelloPrint estimait en 2023 que près de 12 % des faire-part de mariage haut de gamme utilisent une finition letterpress ou gaufrage. La montée en puissance de l’artisanat d’art et de la papeterie de luxe personnalisée (marché évalué à 1,2 milliard d’euros en Europe selon une étude Smithers Pira, 2022) contribue également à cet engouement.
Les formations courtes en impression typographique, proposées par des centres comme l’Atelier du Livre de Mariemont ou la Maison du Livre de Bécherel, témoignent aussi de l’intérêt croissant pour ce procédé.
3. Des marques qui subliment le Letterpress
Certaines marques se distinguent par une utilisation créative et raffinée du letterpress. C’est le cas de Le Typographe (Bruxelles), dont les carnets et cartes sont imprimés à la main sur des presses Heidelberg. Imprimerie du Marais, à Paris, allie letterpress et dorure à chaud pour des clients prestigieux dans la mode et l’édition. Leur collaboration avec Chanel, notamment, démontre que cette technique artisanale peut coexister avec des exigences de production industrielle de très haut niveau.
Du côté des créateurs indépendants, Studio Pression (Bordeaux) ou Clem & Co (Lyon) illustrent la vitalité du letterpress en France. Leur approche mêle design contemporain, typographie expressive et papier de création, offrant un rendu unique et sensible que l’impression numérique ne peut imiter.
Pour conclure, la technique d’impression ancestrale remise au goût du jour, le letterpress séduit pour sa capacité à rendre chaque projet tactile et singulier. Dans un monde saturé d’images digitales, le retour au papier travaillé en profondeur, au faire-part imprimé avec caractère, marque un vrai renouveau de la papeterie artisanale — au croisement du luxe, de la création et du geste.